Prise de tête

Lors de la séance du 14 janvier à l’Assemblée, le député LR de l’Aube Gérard Menuel, par ailleurs agriculteur, a interpellé le ministre de l’agriculture à propos de la France qui, « sans stratégie nationale, est inaudible à Bruxelles et agit comme un poulet sans tête, sans vision, sans cap et sans autorité. Ce constat perturbe le milieu professionnel agricole et dissuade de trop nombreux jeunes de s’installer dans ce beau métier. »

Le ministre a certainement la tête ailleurs, sans doute à rêver de bronzage sur la plage de Biarritz…

Les éleveurs bovins ne vont-ils pas finir par perdre la tête, eux qui sont payés 3.45€ le kilo alors que les coûts de production s’élèvent à 4.89€/kilo. Et pourtant, l’inter profession bovine Pays de Loire marche sur la tête en souhaitant ardemment l’installation de jeunes. Peu lucides ou un peu rêveurs, les Jeunes Agriculteurs soutiennent la démarche et pour eux, « la filière doit croire en l’installation des jeunes ». Les deux organisations font actuellement la quête auprès d’éleveurs en place pour alimenter un fonds dédié à l’installation en production bovine. N’y-a-t-il pas assez de suicide agricole pour aller en provoquer d’autres ? Oui, mais l’ensemble de l’économie rurale a besoin d’éleveurs, étant donné le nombre d’emplois liés à l’élevage, argumente cyniquement la filière…

S’il faut plus que jamais avoir du plomb dans la cervelle pour gérer une entreprise, la tête n’est pas reconnue par l’ordre juridique ! Récemment, pour empêcher que le bail soit cédé au fils de ses locataires et récupérer ainsi ses terres agricoles, un propriétaire a accusé l’un des associés d’une Earl de ne pas participer effectivement aux travaux de l’exploitation. En effet, il était reproché à l’associée exploitante d’avoir « participé à des tâches administratives, de gestion, voir même de direction, elles sont toutefois insuffisantes à caractériser une participation à l’exploitation de la nature de celles exigée par l’article L 411-37 du code rural ». Les magistrats ont reconnu qu’elle « avait assuré des fonctions limitées de gestion ne constituant pas une participation effective et permanente à l’exploitation » au sens de cet article du code rural. Soyez au cul des vaches, labourez en long, en large, il n’y a que cela de vrai. Ainsi, vous serez reconnu comme agricultrice… Endettez-vous pour de l’achat de matériel car faire appel à un entrepreneur de travaux agricoles vous expose à ne plus être considéré comme agriculteur ! Vous préférez vous consacrer au commerce de vos grains au lieu de faire des heures de tracteur, la punition risque d’être identique ! Il serait temps que le statut du fermage se mette à l’agriculture du XXIe siècle, note un juriste dans REVUE DE DROIT RURAL décembre.

Quand le lait est encore insuffisamment payé, les cotisations au groupement de défense sanitaire (GDS) sont élevées. A l’ouest, des éleveurs viennent de remporter une bataille face à ce GDS.

Il convient de les saluer car ces courageux ont osé se faire respecter et relever ainsi la tête…

Editorial – Guy Laluc « Rendre public ce qui voulait rester caché. »

Commentaires