Retrouver le bon sens

 

Les lenteurs administratives font que seront utilisés seulement 4% des 687 millions d’euros du programme Leader pour 2014/2020. Ces fonds européens aident au développement des territoires ruraux qui en ont tant besoin. Suite à l’alarme lancée par le journal SUD OUEST 05/03/2019, le ministre de l’Agriculture, interpellé au Sénat deux jours plus tard, explique que pour être attribués, ces fonds « doivent passer par le groupes d’action locale, les GAL, qui sont en relation avec les communes et les intercommunalités, elles-mêmes en liaison avec les régions… « .

Sans langue de bois, Didier Guillaume reconnaît comme inacceptable ce retour vers Bruxelles de centaines de millions non utilisés. Comme si le cours d’une rivière s’inversait…

Le rapport d’information de la commission des finances du Sénat, récemment réalisé par MM. Houpert et Botrel, revient sur le gaspillage éhonté qui a coûté exactement 2.15 milliards d’euros aux contribuables français. Le résultat d’une « incapacité à assurer le paiement des aides agricoles européennes entre 2010  et 2015 » suite à « des choix de conception annonciateurs d’inévitables dysfonctionnements » et « une forme d’indifférence aux impératifs de la gestion des paiements ».

Suite à ces responsabilités administratives et politiques (de droite et de gauche), insiste le sénateur Houpert, « les aides du second pilier ont servi de variables d’ajustement », si bien que des agriculteurs n’ayant pas reçu leurs aides MAEC (Mesure Agro Environnementales et Climatiques) ou bio ont été, pour certains, contraints à une liquidation judiciaire ! Curieusement, cette évaporation d’aides vitales n’a pas donné lieu à la moindre irrigation médiatique.

En un autre lieu, dans le Lot-et-Garonne, une retenue pour l’irrigation n’a exigé qu’un petit million d’euros d’argent public apporté par la chambre d’agriculture. Cependant, une volte-face (ou farce) administrative a annulé l’arrêté autorisant le fameux lac de Caussade. Grâce à la mobilisation de leur chambre consulaire, les paysans de ce coin du Sud-Ouest, dans un bel élan de solidarité, ont passé outre. Le bénévolat a même permis d’économiser plus de 1.5 millions d’euros de frais de travaux.

Politique et non égoïste, non apparenté à une quelconque forme de délinquance, au sens où l’entend la philosophe Hannah Arendt, cet acte de désobéissance civile va permettre à 14 jeunes de s’installer sur des cultures à forte valeur ajoutée et de créer de la vie. Pour André Glucksmann, « la désobéissance civile est une forme de responsabilité et appelle à davantage de responsabilités ». Afin de retrouver le cours normal…

 

Editorial Guy Laluc « Rendre public ce qui voulait rester caché. »

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