Les Groupement de Défense Sanitaire (GDS) sont des associations d’éleveurs dont l’objectif principal devrait être la mise en place de plans de lutte contre des maladies désignées par ses adhérents. Les GDS sont aussi « organismes à vocation sanitaire », exerçant des missions déléguées par l’état. Les GDS métropolitains sont fers de lance de la protection sanitaire des exploitations. Ils se veulent indépendants et mutualistes.

 

En théorie, le GDS de la Réunion devrait être le fer de lance de la lutte contre les maladies animales. Le Conseil d’Administration du GDS de la Réunion, présidé par Jérôme Huet, éleveur laitier, passe pourtant bien du temps ensemble, mais n’a pas développé de stratégie sanitaire En ce qui concerne les bovins, les plans d’assainissement s’écrivent avec les coopératives, et aucune n’est obligatoire ou implémentée en filière lait. La « stratégie » du CA est le développement des ventes, tout comme la coopérative laitière Sicalait (1). L’image du GDS est leur principale obsession et ils dépensent sans compter : logos sur les véhicules, site internet au contenu sanitaire bien maigre, et autres objets promotionnels. Pour marquer les esprits, Jérôme Huet avait même proposé que les salariés du GDS exécutent un flash-mob lors de l’assemblée générale de 2018.

Jérôme Huet a récemment été épinglé par la presse Réunionnaise pour ses dépenses excessives aux frais du GDS.

  • Les frais de justice pour licenciement abusif et indemnités de licenciement tellement élevés qu’ils ont revu les salaires des nouveaux arrivants drastiquement à la baisse et que les refus d’augmentation pour des sommes minimes contribuent à l’hémorragie du personnel qualifié,
  • les frais de bouche dépassant les 100 000 euros par an,
  • la voiture et le téléphone « de fonction »,
  • et surtout, les voyages. Par exemple : une virée en 2018 de deux semaines aux Etats-Unis pour six administrateurs, ou encore une virée entre administrateurs de 15 jours en métropole sur la route des vins avec une halte en Bretagne du sud avec visite au Futuroscope en 2016.

Jérôme Huet justifie les voyages bisannuels du CA du GDS : cela permet aux membres du CA de « voir comment font les autres ». Les administrateurs payeraient une partie du voyage, lorsque la dépense dépasse une certaine somme, que Jérôme Huet se garde de communiquer. Il aurait rapporté un « certain nombre de dossiers » de sa virée américaine avec 5 autres membres du CA. Il n’y a pas beaucoup de fermes sur Broadway, ce qui explique peut-être pourquoi le compte rendu du voyage, promis aux salariés depuis Octobre 2018, se fait toujours attendre. Il paraît qu’ils sont trop occupés, bien qu’ils aient eu le temps de convoquer les salariés un vendredi après-midi et de leur expliquer pendant plus de deux heures qu’il ne fallait pas parler à la presse des dépenses somptuaires des administrateurs et des frais d’avocat, car les partenaires pourraient retirer leur soutien financier, mettant en péril les emplois. Huet se gaussait : les finances du GDS vont très bien ! Il oubliait que pendant que le CA se baladait en Amérique, la direction informait les salariés de difficultés de trésorerie. Tout comme en février 2017, lorsqu’il se promenait à Puerto-Rico avec sa compagne du moment.

En mars 2017, le Directeur du GDS quittait son poste et n’a jamais été remplacé. Pourtant, selon les statuts du GDS, le président tout puissant « …nomme le Directeur Coordonnateur Général de tous les services sous l’autorité duquel sont placés l’ensemble ou partie du personnel… » Sans DCG, Jérôme Huet bidouille et fait semblant d’être chef d’entreprise, sans n’être incommodé ni par les basses tâches, ni par une personne qui pourrait s’opposer aux dépenses du CA, ni lui faire de l’ombre…il embauche (notamment un technicien qui lui loue un terrain), promeut et dépense comme il veut. La rumeur persistante circule qu’il voudrait devenir Directeur Général du GDS, avec un salaire conséquent, rien à voir à ce qu’il réserve au reste du personnel.

En devenant Directeur général,  Jérôme Huet se débarrasserait définitivement de ses vaches. Avec tous ses voyages et conseils, il n’a guère le temps de s’en occuper, et elles meurent bien trop souvent. Peu importe : Groupama OI, où il est administrateur, lui rembourse les vaches mortes à peu près le double de ce qu’il obtiendrait en les envoyant à l’abattoir. Avec les indemnités de déplacement mensuelles aux différents conseils, la voiture, le téléphone les repas et voyages aux frais des GDS, Jérôme Huet vit sans les revenus du lait.

Même les bons éleveurs laitiers ne s’en sortent pas si bien. Ils sont étouffés par des « coopératives » monopoles tout puissantes la Sicalait et l’Urcoopa (2) qui sont actionnaires entre elles. La Sicalait sert le discours « achetez plus pour gagner plus » : il suffirait d’acheter des génisses prêtes à vêler et donc à fabriquer du lait. Si l’exploitation n’a pas de quoi les nourrir, la Sicalait et l’Urcoopa se chargeront de vendre aussi les aliments. Les éleveurs n’ont pas d’autre choix que d’acheter l’essentiel des biens et services à ces deux coopératives puis de vendre tout leur lait à la Sicalait.  La Sicalait se sert en 1er sur la paie du lait, puis le Crédit Agricole et l’Urcoopa, et seules les miettes reviennent à l’éleveur…s’il en reste. Sinon, la Sicalait leur accorde gracieusement crédit, augmentant l’emprise sur l’exploitation. Les éleveurs sont priés d’aller en réunion, mais de la fermer, sous peine d’exclusion, pénalités etc.

La gourmandise et l’hypocrisie de la Sicalait est sans bornes.

L’ARIBEV (3) prépare un plan agro-écologique appelé « Défi Responsable », avec 23 millions d’euros de subventions à la clé. Les items du Défi Responsable ont été élaborés avec les dirigeants des coopératives lait et viande, et 10% des revenus de leurs éleveurs sera conditionné à la réalisation des différents items. Il y a tellement de sujets sanitaires qui mériteraient attention : la leucose, l’IBR et récemment la chlamydiose défraient la chronique, la maltraitance animale, la malnutrition, la qualité du lait désastreuse… Le critère retenu par les dirigeants de la Sica-lait pour l’item « protection sanitaire des animaux et de l’exploitation, bien-être animal », est le parage préventif d’au moins 80% du troupeau tous les ans facture à l’appui et l’équipage des fermes avec des bains de pied pour les animaux. La boiterie est un vrai souci en élevage laitier, et les causes sont multiples : inactivité, alimentation déséquilibrée, blessures, causes infectieuses, etc… En particulier, la maladie de Mortellaro (4) provoque des boiteries très douloureuses pour les vaches, affectant leur appétit et leur production. A premier abord, le choix de la Sicalait de s’attaquer aux boiteries semble louable. Mais paradoxalement, les éleveurs les plus verts ou plus vertueux déjà n’ont qu’occasionnellement besoin des services d’un pareur. De plus, la station d’élevage de la Sicalait est contaminée par les germes responsables de la maladie de Mortellaro. Une fois que cette maladie est installée dans un élevage, il est impossible de s’en débarrasser. La Sicalait vend forcément des génisses infectées par cette maladie. Or la Sicalait a acheté une cage de parage et embauché un technicien pareur en 2017 : forcer les éleveurs à acheter ce service à travers le Défi-Responsable est donc une occasion supplémentaire pour la Sicalait de servir leurs propres intérêts !

En métropole, les prises de sang d’achat pour certaines maladies sont obligatoires avant transfert d’un bovin d’une exploitation à une autre. L’acheteur peut même contracter un « billet de garantie » avec le vendeur pour inclure des maladies non soumises à contrôle obligatoire (comme la maladie de Mortellaro), afin de protéger son troupeau un peu plus. Rien de tel n’existe à la Réunion : aucune garantie sanitaire n’est donnée à l’achat des génisses de la Sicalait, y compris pour le statut leucose et les autres maladies réglementées. Depuis 2018, la Sicalait connait le statut leucose de leurs génisses. Pourtant, ils continuent à vendre des animaux sans informer les acheteurs de leur statut leucose.

Pourtant, la filière lait brasse de l’argent : Sicalait a un budget de 30 millions d’euros, dont 6 millions d’euros de subventions. Vu qu’il y a moins de 60 élevages laitiers à la Réunion depuis qu’ils ont exclu deux irréductibles, cela fait plus de 100 000 euros de subventions par élevage et par an.

Il y a quelque chose de pourri dans la filière lait Réunionnaise, et ce n’est pas la leucose qu’il faut incriminer. On a inventé un nouveau besoin alimentaire : hormis quelques Malbars (5) et le lait caillé, depuis quand est-ce que le Réunionnais mange du yaourt ? La Compagnie Laitière des Mascareignes (CILAM) est devenue le principal producteur de produits laitiers, fabriqués pour l’essentiel avec de la poudre de lait importée. On taxe la poudre de lait importé, soi-disant pour stimuler la production locale et l’installation d’éleveurs laitiers (alors qu’ils sont de moins en moins nombreux). La Sicalait s’assure qu’il y a des élevages laitiers à la Réunion, et que les éleveurs sont bien muselés. Les vaches souffrent : adieu l’imagine bucolique des vaches couchées dans des nids de paille ruminant du bon foin car ni le blé ni le maïs sont produites localement. Les vaches laitières Réunionnaises ont la vie très dure, bien des éleveurs en bavent aussi et pourtant les subventions pleuvent. Qui s’enrichit ?

 

  1. La Sicalait est une coopérative agricole structurant l’industrie laitière sur l’île de la Réunion.
  2. L’Urcoopa ou Union Réunionnaise des Coopératives Agricoles, est une entreprise française de l’île de la Réunion. Il s’agit de l’une de ces plus importantes entreprises provendier de ce territoire. Dès 1984, en fabriquant localement des aliments pour le bétail réunionnais, l’Urcoopa a permis un développement agricole rapide et adapté sur le territoire réunionnais. Grâce à la création et au rachat de sociétés agro-alimentaires réunionnaises, l’Urcoopa a donné naissance au Groupe Urcoopa qui figure aujourd’hui parmi les acteurs industriels les plus actifs de la zone Océan Indien. Le Groupe Urcoopa est de statut coopératif, défenseur de la production locale et du développement agricole réunionnais.
  3. L’ARIBEV, ou Association réunionnaise interprofessionnelle pour le bétail et les viande est une instance de concertation unique qui permet à tous les acteurs du marché du bœuf, du porc et des produits laitiers de s’exprimer et de se faire entendre, avec comme objectif principal le développement de la production locale.
  4. La dermatite digitée, ou maladie de Mortellaro, est une maladie contagieuse responsable de boiteries chez les bovins. Elle se manifeste par des lésions cutanées circonscrites superficielles de la peau digitée, situées le plus souvent entre les talons sur les pieds postérieurs
  5. Les Malbars forment un groupe ethnique d’origine indienne sur l’île de La Réunion, et l’Ile Maurice.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Accueil_principal

 

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