22, ça balise !

 

La sociologie permet de comprendre qu’il y a parfois plus mal loti que soi. Mieux que le sociologue des salons, le mal nommé François Purseigle, une sociologue des champs, Elodie Jimenez, a réalisé une étude remarquable de finesse dans les Côtes d’Armor en 2013. Le conseil départemental de ce département voulait faire le point sur le mal être dans les exploitations agricoles.

D’emblée, la sociologue découvre que l’agriculteur breton est pris par un signal sociétal contraire au signal économique. « Il faut moins d’intrants chimiques, leur dit-on et en même temps ils doivent produire plus ». De son travail de fourmi, elle a formalisé un terrible constat : « Privés de l’autonomie décisionnelle et économique dont les agriculteurs pensaient a priori pouvoir disposer, forcés en silence par les industries agroalimentaires sous la contrainte économique et psychologique, les agriculteurs costarmoricains ne semblent plus être des acteurs du modèle agricole breton. On peut se demander dans quelle mesure leur statut d’indépendant et de chef d’exploitation est-il encore réel ? ».

Quelle contradiction de constater que les organisations censées apporter du bien-être comme la coopérative ou le syndicat participent à l’asservissement de leurs adhérents. Ne parlons pas du centre de gestion qui conduit bien souvent à une fuite en avant !

Le tableau est si noir que 2 agriculteurs sur 3 ont songé à abandonner leur métier. Ceci est très compréhensible tant la thèse montre un enfermement des producteurs pour lesquels le mot même d’espérance semble banni. Ce travail sociologique est une véritable balise de détresse.

Étonnant, Olivier Allain, la « grande gueule » de ce département et conseiller agricole spécial de la macronie, n’a jamais pipé mot de tout cela.

Alors, ça balise dans les industries agroalimentaires. En effet, le journal officiel européen, JOCE COMMUNICATION 03/05/19, fait état d’une aide à la relance des exploitations (AREA) mise en place en France à hauteur de 30 millions d’euros. Un peu de plâtre sur une jambe de bois car la possibilité de recevoir 20 800 euros maximum par exploitation est conditionnée à un audit de l’exploitation, assuré, on s’en doute, par les centre de gestion à l’affût.

Cette obole ridicule vise à empêcher la faillite des exploitations agricoles avec les conséquences sociales qui en découlent. Un autre motif est révélé : « la disparition de ces entreprises agricoles pourrait entraîner une diminution de la quantité de produits mise sur le marché, susceptible de déséquilibrer l’offre et donc les filières agricoles concernées ».

Chers ami(e)s agricultrices, agriculteurs, cessez donc de croire ce que les industriels veulent que vous croyez. En fait, soyez certains qu’ils ne vous débarrassent pas de vos grains ou de vos couvées, il en ont bien trop besoin…

 

Editorial Guy Laluc « Rendre public ce qui voulait rester caché. »

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