L’observatoire de la formation des prix et des marges a rendu, le 11 avril 2017, son rapport 2016 au Parlement.

 

Ce rapport fait état d’une répartition des marges toujours plus inégale au sein des filières agricoles. En 2016, les marchés agricoles ont à nouveau été marqués par une forte volatilité des cours : une chute des prix des céréales, aggravée en France par les aléas climatiques, une tenue correcte des cours du porc au second semestre, par l’achat important des chinois et aussi l’envolé inattendue des produits laitiers surtout le beurre à partir de l’automne.

Volatilité des cours d’autant plus marquée qu’elle coïncide avec une instabilité de la parité euro/dollar. Instabilité qui n’est pourtant pas sans rappeler les premiers objectifs de la construction européenne. Un rappel s’impose.

La Politique agricole commune (PAC) a permis, au sein d’un marché devenu concurrentiel, l’instauration d’instruments de gestion. Ces outils, propres au marché agricole, ne visaient pas autre chose que la construction d’une stabilité économique durable et profitable à tous les acteurs de la chaîne alimentaire. En somme une stabilité économique qui serait devenue le gage d’une paix durable par des échanges commerciaux pérennes.

Crises de surproduction obligent, ponctuant fréquemment le « fleuve tranquille » de l’intégration économique européenne, et après un bilan de santé en demi-teinte, les responsables politiques ont organisé le démantèlement de ces mécanismes. Solution envisagée aux différentes crises, ils n’ont, au final, fait que de précipiter un peu plus le marché agricole dans le marasme. Démantèlement qui connaîtra son point d’orgue, comme chacun le sait, avec la fin des quotas laitiers au 1er avril 2015.

La filière agricole se retrouve depuis lors dans une situation inédite avec un marché à la portée des aléas de toute nature, de l’instabilité, de la volatilité mondialisée des prix aggravant les difficultés existantes des producteurs.

A l’autre bout de la chaîne, le consommateur n’a pas ou peu conscience de cette instabilité. Le coût d’un panier alimentaire moyen n’a que peu évolué. Les prix font d’ailleurs preuve d’une surprenante stabilité. Contrairement à la production, le consommateur connaît donc que très peu la variation. Les produits agricoles du panier alimentaire moyen du consommateur n’a cessé de diminuer au profil de la transformation et des services à la faveur de produits prêts à consommer.

Du côté de la valeur ajoutée générée par l’acte de consommation, les constantes existent aussi, et au profit des mêmes. Que ce soit la GMS (supermarchés et hypermarchés) ou l’industriel, chacun veut garder sa marge au détriment du producteur afin que le seul véritable gagnant soit le consommateur qui bénéficie d’une certaine stabilité de prix. Le producteur est désormais la variable d’ajustement, sorte de « maillon tampon » de cette chaîne alimentaire devenue chaotique. Parce que les prix payés à la production ne connaissent que la tendance à la baisse, et alors même que la croissance des coûts de production ne connait aucun répit flagrant, rares sont aujourd’hui les producteurs agricoles qui couvrent la totalité de leurs coûts de production.

L’année 2016 a vu son lot de chute libre dans la filière lait, la filière viande bovine et la filière céréalière avec le blé tendre et dur. La seule revendication des producteurs, quel que soit la filière, est un prix « rémunérateur », un meilleur partage de la valeur ajoutée et une transparence dans la fixation des prix à tous les degrés et tous les maillons de la chaîne alimentaire.

Est paru ce mardi 30 mai 2017 un très bon article dans Terre-net sur la répartition des marges écrit par Monsieur Arnaud Carpon sur Monsieur Olivier Mevel,[1] où « il défend un changement radical de méthode, mais aussi une révision profonde de la loi de modernisation de l’économie, pour rééquilibrer le rapport de force en faveur des agriculteurs. ». Je vous invite à le lire !

Ce commentaire succinct n’engage que mon interprétation personnelle. Il vous permettra, je l’espère, de comprendre les difficultés que rencontre le monde agricole ces dernières années.

 

Ecrit le 30 mai 2017

Laurence Cormier

 

 

[1] Monsieur Olivier Mevel Consultant en stratégie des filières alimentaires, maître de conférences et chercheur en sciences de gestion à l’université de Bretagne. Monsieur Olivier Mevel s’est porté candidat pour présider l’Observatoire de la formation des prix et des marges, actuellement dirigé par l’économiste Monsieur Philippe Chalmin.

 

http://www.terre-net.fr/actualite-agricole/economie-social/article/o-mevel-faisons-table-rase-pour-mieux-proteger-les-agriculteurs-202-127795.html

http://www.franceagrimer.fr/content/download/50772/487917/file/Rapport%20au%20parlement%202017%20.pdf

 

 

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