Françoise Griffon, du Maine-et-Loire Vendredi 17 mars 2017 Ouest France

« Pour moi, l’icône, le symbole du salon de l’agriculture s’appelle Céline, 47 ans. Elle avait un conjoint, 2 enfants. Elle s’est pendue dans sa salle de traite jeudi 23 février à 7 heures, deux jours avant l’ouverture du salon de l’agriculture. Elle a laissé un message pour dire qu’elle ne pouvait plus supporter sa situation. Travailler, travailler et ne plus rien gagner. Elle a aussi laissé un message à la France entière par son geste irréversible.

Combien de Céline, de Jean-Pierre et autre faudra-t’il enterrer pour qu’il y ait une prise de conscience réelle de la situation agricole et de ses agriculteurs.

Les MSA ont mis en place une écoute prévention suicide. Combien de futurs suicidés n’ont plus l’énergie pour appeler. […]

On presse toujours plus le citron. Ca aussi c’est une réalité du terrain, mais on n’en parle pas. Non, les agriculteurs ne sont pas des assistés. Ils préféreraient tellement plus vivre de leur travail et ne plus être obligés de se cacher pour ne pas pleurer devant leurs enfants.

Pendant que les agriculteurs se meurent, nos politiques s’étrillent pour obtenir cette cage dorée de la présidence tant convoitée. Il suffit d’écouter les radios-trottoirs pour comprendre que les citoyens, dans leur grande majorité, ne croient plus en personne. Tous ces scandales révoltent. Combien d’humains pourraient mieux vivre s’il y avait un vrai partage des richesses.

Des agriculteurs et bien d’autres se meurent ou mettent fin à leurs jours dans l’indifférence quasi générale. Encore un fait divers dira-t-on…

Céline, je ne vous connaissais pas, mais je salue votre courage et je prends part à votre immense souffrance qui vous a conduit au bout. Vous étiez pourtant engagée et j’imagine que vous croyez en votre profession. Mais l’autre matin, plus rien ne pouvait vous retenir parmi les vôtres.

Ma colère est à son comble. Moi-même, femme et mère de producteurs laitiers, je sais profondément ce qui vous a poussé à l’acte.

Je suis Céline, nous sommes toutes des Céline.

Céline, vous êtes le symbole de la France agricole qui souffre et qui est au bout du rouleau.

Profond respect. »

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