Installation intelligente
L’AGE DE FAIRE juin montre qu’en lieu et place d’une ferme de 80 hectares dédiée à l’élevage bovin, dix copains ingénieurs agricoles ont créé autant d’emplois avec vaches, cochons, couvées, légumes, fabrication de bière et de pain. Tout est en bio, en circuits courts et les 10 ont voulu « une activité suffisamment rémunératrice pour ne pas devenir esclave du travail ».
Une grosse partie des 300 000 euros nécessaires à l’achat de l’exploitation a été trouvée auprès de l’association foncière Terre de liens. Située près de Limoges, la ferme, qui a fait l’objet d’un sujet sur France 5 il y a quelques mois, crée du lien social grâce à son lieu de vente à la ferme. Il existe une seule association en France. L’Atag, qui accompagne les projets collectifs agricoles, renseigne le journal. Celui-ci revient sur la petite ville de Mouans-Sartoux qui produit ses légumes bio pour la cantine de ses écoles grâce à l’aide ) l’installation de maraîchers sur des terres à vendre qu’elle a préemptées.
L’expérience du village d’Alloue, en Charente, est tout aussi riche. Pour éviter que les terres de éleveurs partants à la retraite aillent aux céréales et à l’agrandissement, la municipalité a créé une coopérative qui assure la transition entre départs en retraite et installations. Et une réflexion circuits courts et besoins des consommateurs est menée et le maire résume : « c’est la coopération entre paysans et leurs liens avec la population locale qui permettront d’éviter la désertification du village ».
Mais, si la collectivité nationale soutient l’installation à hauteur de 350 millions € par an, environ (dont 200 millions d’euros par an de DJA), les installations dépendent des CDOA qui continuent à financer « l’agriculture du passé » avec ses investissements lourds, regrette Diane Georgis, ingénieur agro, spécialiste de l’installation new-look…
A noter qu’avec Michel Pech, agronome bourlingueur, elle a écrit « s’installer en agriculture » aux éditions L. Mayer et plaide « pour un véritable accompagnement des paysans de demain ». Les auteurs ont étudié l’installation dans 3 départements très différents : la Marne, l’Ille et Vilaine et les Pyrénées Orientales.
Si en 2010, 2/3 des installations se font sans aides, la politique d’installation favorise les filières soutenues par la PAC et « elle continue d’encourager des systèmes de production à faible valeur ajoutée par hectare, nécessitant beaucoup de capital foncier et favorisant les productions hors sol ».
Voilà qui constitue « un élément d’appauvrissement économique et social des territoires », confie le duo dans ce livre plein de bonnes idées.
Editorial Guy Laluc « Rendre public ce qui voulait rester caché. »