Subventions comprises, la valeur ajoutée brute (écart entre le chiffre d’affaires et le coût des engrais, pesticides, etc.), par emploi agricole, a grimpé de 8,6% en 2017. Mais c’est une maigre satisfaction : l’année d’avant était si basse (crise du lait et mauvaise récolte de céréales due à la météo) que les chiffres ne pouvaient que remonter. De plus, si la part de gâteau augmente un peu pour chacune des fermes françaises, c’est qu’elles sont chaque année moins nombreuses : 437 000 au dernier recensement, c’est 11% de moins qu’en 2010.

Produire plus pour gagner moins

Cependant, au-delà de ce léger mieux, d’autres chiffres n’inspirent pas l’optimisme. Le graphisme ci-dessus illustre d’une part une énorme volatilité de la valeur ajoutée dans l’agriculture, qui subit régulièrement des crises (cours, météo, embargo, épidémies, etc.) équivalentes à celle de l’effondrement des marchés en 2008.

Autre fait marquant, l’interminable stagnation, voir la baisse, de cette valeur ajoutée du secteur agricole. Pendant que l’agriculture ne connaissait aucune croissance depuis 2000, celle de l’économie française dans son ensemble était de 25% sur dix-sept ans.

Au moins n’est elle plus en décroissance, comme ce fut le cas dans les décennies précédentes : on comptait 50 milliards de valeur ajoutée dans les années 1970 (en euros constants) contre une trentaine de milliards depuis les années 2000.

L’agriculture française a pourtant produit plus entre 1970 et les années 1990. Mais les prix, eux, ont chuté de quasiment 60% entre 1970 et 1995, sans décoller vraiment depuis lors. Cela s’appelle produire plus pour gagner moins.

Autre voyant au rouge : cela fait quatre ans que les investissements sont en baisse (9,7 milliards en 2017). Les incertitudes sur le cours du lait, de la viande, les assauts des importations, les aléas de la météo sur le vignoble et les céréales, pèsent de tout leur poids.

Signe des temps, pour la première fois depuis quarante ans, les importations de produits agricoles en France (fruits et légumes, port d’Espagne, volailles de Pologne, soja d’Amérique du Sud, etc.) sont supérieures aux exportations et ce, de 500 millions d’euros. Les produits transformés – nos fameux fromages, vins et alcools en particulier- valent encore à la France un excédent commercial de 5,6 milliards sur l’agroalimentaire. Mais en 2012, l’agriculture à elle seule faisait plus du double.

 

Ouest France 07/07/2018

André THOMAS

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