Spécial comptes de l’agriculture 

 

Recul de 21,9% du résultat net par actif non salarié en 2016

Tout le monde s’y attendait : les résultats économiques du secteur agricole français en 2016 sont particulièrement dégradés. C’est ce que montre l’Insee lors de la publication des chiffres lors de la Commission des comptes de l’agriculture nationale le 6 juillet. Selon l’institut de la statistique, le résultat net par actif non salarié en 2016 est en retrait de 21,9 % par rapport à 2015. La « valeur ajoutée brute de la branche agricole » (y compris les subventions et en prenant en compte l’inflation) par actif agricole (salarié et non salarié) a baissé de 8,4 % en 2016 par rapport à 2015, selon l’Insee. Un recul très marqué, alors que ce taux était positif sur les deux dernières années : + 4,4 % en 2015 et + 7,5 % en 2014. Dans ce contexte économique difficile, très instable et surtout incertain pour l’avenir, les agriculteurs ont freiné leurs investissements. Ceux-ci atteindraient 10,2 Mrd€ en 2016 contre 10,8 Mrd€ en 2015, soit un recul de 5,6%. L’investissement en bâtiments se redresse, tandis que celui en matériel agricole recule nettement.

Les dépenses en intrants en recul de 3,6 %

Les dépenses en intrants ont aussi reculé (-3,6%) en raison à la fois d’une moindre consommation en volume (-1,5%) et du recul du prix (-2,2%). Cette baisse de la dépense en intrants est particulièrement marquée pour les énergies et lubrifiants (-7,5%) et pour les engrais (-3,9%) du fait du recul du prix des produits pétroliers, et pour les aliments du bétail (-4%) du fait de la baisse du prix des céréales. Concernant l’alimentation animale, les achats aux fabricants d’aliments diminuent en valeur de 8,1% en 2016, conjuguant une baisse des volumes de 4,3% à une baisse des prix de 4%. La facture en tourteaux de soja et colza suit la même tendance, avec un recul de 12 % en 2016, tirée vers le bas à la fois par les volumes (-6,5%) et les prix (-5,9%).

Productions végétales: recul de la valeur ajoutée de 37 % pour le blé tendre

Une fois n’est pas coutume, la valeur ajoutée brute des productions végétales (-8,7%) a été plus affectée que celles des productions animales (-4,3%), en raison d’une diminution des volumes de productions végétales de 9% (contre 0,9% des productions animales). Ce sont les céréales qui s’écroulent le plus, en particulier le blé tendre avec une valeur ajoutée en recul de 36,8 %. Les conditions climatiques désastreuses de l’an passé avec un manque d’ensoleillement, des excès de pluie et des inondations ont affecté le volume produit (-32%). A cela s’est ajoutée une baisse des prix (-7%). Le maïs a aussi vu sa valeur ajoutée affectée durement, même si c’est beaucoup moins que le blé tendre (-14%), ainsi que les oléagineux (-10%). Globalement les productions de fruits et légumes s’en sortent mieux (respectivement +5,8 et +5,9%). Quant à la production viticole, on constate un recul tant pour les vins d’appellations d’origine (-4,8%) que pour les autres vins (-12,4%). Au final, c’est la production de pomme de terre qui s’en sort le mieux en 2016 avec une hausse de sa valeur ajoutée de 18,7% grâce à une très nette hausse des prix (+23%).

Productions animales : la production laitière en recul de 7,8% en valeur

En productions animales, seule la production porcine connaît une hausse significative en 2016, avec une valeur ajoutée en progression de 3,8%, les cours ayant entamé un redressement à partir de juin 2016, soutenus par la demande chinoise. La production de lait et produits laitiers connait un très fort décrochage en valeur (- 7,8 %). La collecte de lait de vache fléchit (-1,5%) et les prix poursuivent leur décrochage (-6,4%). La production de gros bovins se replie nettement en valeur (-3,4%), le prix étant en net recul (-4,7%) du fait d’un surcroît de vaches de réforme en lien avec les difficultés du secteur laitier. La valeur de la production avicole se réduit elle aussi nettement (-5,3%). Pour les volailles, la production poursuit sa baisse en valeur (- 5,7 %), du fait à la fois d’une diminution des volumes et des prix, toujours déprimés sous l’effet de l’abondance de l’offre européenne. Même constat pour la production d’œufs dont la valeur ajoutée est en retrait de 4,3%. Les productions d’ovins-caprins de veaux voient une très légère amélioration de leur valeur ajoutée (+1,3%)

 

Article récupéré dans la presse

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